La mode éthique. Un terme qui résonne comme une évidence dans une société de plus en plus consciente de l’urgence climatique. Pourtant, si l’idée séduit, les réalités du terrain ne sont pas toujours si évidentes. La slow fashion, malgré son attrait, se heurte à des défis de taille. Des obstacles qui, loin de décourager, incitent à chercher des solutions. Comment surmonter ces challenges ? C’est ce que nous allons explorer.
Comprendre les enjeux de la mode éthique
Si vous lisez régulièrement Mode in Belgium, vous n’êtes pas sans savoir qu’à la rédac’, la mode éthique n’est pas (ou plus) une option mais une nouvelle norme.
La mode éthique, c’est avant tout une prise de conscience. Une prise de conscience des impacts de la fast fashion sur notre environnement et sur les conditions de vie des travailleurs de l’industrie textile. Mais quels sont réellement ces enjeux ?
D’abord, l’enjeu environnemental. Eau, énergie, matières premières… La fast fashion est une industrie gourmande en ressources ! Sans parler des déchets générés par cette consommation effrénée. La mode éthique se positionne comme une alternative plus respectueuse de notre planète en favorisant des matériaux durables et une production limitée.
Ensuite, l’enjeu social. La fast fashion, ce sont aussi des conditions de travail souvent déplorables pour les ouvriers du textile. Salaires de misère, horaires épuisants, sécurité négligée… La mode éthique, elle, s’engage pour le respect des droits de l’homme. Elle garantit des conditions de travail décentes à chaque étape de la production.
Enfin, l’enjeu économique. La mode éthique, c’est une autre façon de consommer. Moins, mais mieux (notre crédo !). C’est un modèle économique qui valorise la qualité sur la quantité, la durabilité sur l’éphémère.
En bref, promouvoir la mode éthique, c’est prôner une production respectueuse de l’environnement et des droits de l’homme. Cela signifie également acheter des vêtements conçus pour durer, plutôt que pour être jetés après quelques utilisations.
Comprendre ces enjeux est déjà un premier pas vers un mode de consommation plus raisonné. Néanmoins, loin d’être déjà une norme pour tout le monde, la mode éthique continue de se heurter à certains défis.
Le coût de la mode éthique : un défi de taille
L’un des principaux défis de la mode éthique est son coût. Produire de manière éthique et durable a un prix. Les matières premières écologiques et durables, le respect des normes environnementales, les salaires équitables… Tous ces éléments se répercutent sur le prix final des vêtements. Cela peut rendre la mode éthique plus chère que la fast fashion, et peut être moins accessible à de nombreuses personnes.
Nous en parlions dans notre article : 3 fausses croyances sur la mode éthique et durable.
Évidemment, c’est un défi de taille. Est-il possible de rendre la slow fashion plus abordable ? Sans compromettre ses valeurs ?
Certaines marques de mode éthique cherchent à réduire leurs coûts en optimisant leur chaîne de production. Elles peuvent proposer des collections plus petites ou des productions à la demande. C’est le cas de Lahaina par exemple.
D’autres concepts se tournent vers des modèles économiques alternatifs. Par exemple, la location de vêtements, qui permet aux consommateurs de louer plutôt que d’acheter des vêtements, rend la mode éthique plus abordable. Nous pouvons citer Coucou et Look Me Up qui proposent de louer ses tenues et accessoires de soirée ou Entourloop pour les vêtements du quotidien.
Certaines marques pour se lancer sur le marché vont également avoir recours à un crowdfunding (un financement participatif) ce qui permet aux consommateurs de soutenir directement la production de vêtements éthiques. Ils payent souvent un prix plus bas que celui de la mise sur le marché. Cela évite aux marques de faire un emprunt ou de lever des fonds auprès d’investisseurs (pas toujours éthiques).
Enfin, une autre solution pour contrer ce défi est de se tourner vers la seconde main. Ces boutiques de seconde main offrent une alternative abordable à la fast fashion, tout en favorisant la réutilisation et la réduction des déchets. Vous pouvez retrouver nos adresses de friperies préférées par ici : à Bruxelles, à Mons et à Anvers.
Sans vouloir être moralisatrices, n’oublions pas : si nous ne payons pas un prix décent pour nos vêtements, quelqu’un d’autre le paie. Ce sont les travailleurs textiles, qui subissent des conditions de travail difficiles et des salaires de misère. En choisissant la mode éthique, nous choisissons de ne pas fermer les yeux sur ces injustices.
Pour en savoir plus : Une mode éthique pas chère, oui c’est possible !
Sensibiliser les consommateurs : un pas vers le changement
Nous sommes nombreux à savoir mais ne pas saisir l’importance du problème de la fast fashion. Et c’est normal, les marques de mode traditionnelle ont des techniques marketing bien rodées pour nous inciter à acheter et fermer les yeux. Éduquer et sensibiliser (mais toujours dans la bienveillance) peut aider à surmonter ce défi et faire entendre la voix de la mode éthique. Comment ?
Cela peut passer par des campagnes de sensibilisation, des documentaires, des articles, etc. Chez Mode in Belgium, nous nous efforçons de jouer notre rôle en partageant régulièrement des articles informatifs, des conseils sur la mode éthique et en promouvant les marques responsables. D’ailleurs, si vous lisez cet article, partagez-le et parlez-en autour de vous.
Différentes ressources sont disponibles dans notre guide pour réduire ses achats fast fashion.
La deuxième étape est de rendre la mode éthique attrayante. Il ne suffit pas de dire aux consommateurs que la mode éthique est « meilleure ». Il faut leur montrer qu’elle peut aussi être belle, tendance et abordable. C’est là que les marques de mode éthique ont un rôle à jouer. En proposant des collections attrayantes et de qualité, elles peuvent aider à changer la perception des consommateurs sur la mode éthique. On en parlait également dans notre article 3 fausses croyances sur la mode éthique. Non la mode éthique n’est pas réservée uniquement aux “baba cool” en sarouel qui se promènent en festival (à prendre au second degré évidemment).
La sensibilisation des consommateurs est un défi de taille, mais avec des efforts conjoints de la part des marques, des médias, des influenceurs et des consommateurs eux-mêmes, on peut y arriver !
La transparence de la chaîne d'approvisionnement et de production : un enjeu majeur
Le dernier défi, mais non le moindre, de la mode éthique est la transparence de la chaîne d’approvisionnement et de production. Savoir d’où viennent les matières premières, comment elles sont transformées, qui les transforme, dans quelles conditions… Autant de questions auxquelles il est parfois difficile de répondre. La transparence est pourtant essentielle pour garantir une mode réellement éthique. Pour nous, c’est l’une des valeurs les plus importantes pour une marque responsable.
Cependant, même si les marques tentent de faire au mieux, atteindre une transparence totale est un défi de taille. La chaîne d’approvisionnement de la mode est complexe et implique de nombreux acteurs : cultivateurs de coton, filateurs, tisserands, teinturiers, couturiers… Chaque étape peut avoir des impacts environnementaux et sociaux, et il est très difficile de tout contrôler.
Et si les marques éthiques sont bien souvent 100% transparentes avec leurs consommateurs et partagent volontiers toutes les informations dont elles disposent, ce défi est également intéressant du côté de la fast fashion. Et oui, de plus en plus d’initiatives voient le jour comme la Fashion Revolution qui encouragent les consommateurs à demander aux marques « Qui a fabriqué mes vêtements ?« , ce qui met la pression sur les marques pour qu’elles soient plus transparentes. Evidemment, les marques de fast fashion ne sont pas très enclines à partager leur chaîne de production. Pourtant, chaque info partagée (volontairement ou pas) est un pas de plus vers la sensibilisation du consommateur.
En conclusion, la mode éthique se heurte à de nombreux défis. Mais ces défis sont aussi des opportunités. Des opportunités de repenser notre façon de consommer, de produire, de valoriser nos vêtements.