Si Sheredhan écrit depuis toujours, ce n’est que depuis ses 21 ans qu’elle s’est dit qu’elle devait en faire son métier. L’entraînement, des études de philosophies et des tas de feuilles griffonnées plus tard, elle écrit son premier livre : Ces maux qui blessent mais te réparent. Dedans elle fait part de citations qu’elle s’écrit à elle-même. Des mots qui lui ont fait du bien ou dont elle avait besoin.
Elle s’inspire de la philosophie, de ses apprentissages, de tout ce qui l’entoure et la fascine dans sa vie. Contrairement à certains auteurs, elle écrit autant quand elle se sent bien que pas bien, elle pose des mots de bonheur et son contraire. Pour elle, écrire avec un état d’esprit permet de mettre le lecteur sur la longueur d’onde dans laquelle les mots furent écrits.
Personnellement, ses mots m’ont beaucoup touchée. Certains m’ont fait écho, d’autres m’ont fait sourire ou m’ont fait réfléchir. J’avais parfois l’impression de dire un (mon) journal intime. Il m’a un peu rappelé le compte instagram @werenotreallystrangers qui joue sur les sentiments intimes qui peuvent isoler. Ça montre que finalement les sentiments que nous ressentons au plus profond de nous sont aussi partagés par d’autres. Entre intimité, sincérité et authenticité Sheredhan partage avec nous les commentaires des nos trois extraits préférés de son dernier livre « ces maux qui blessent mais te réparent » …
“Deviens magicien mais pas celui des autres”
Qui peut vivre sans magie ? J’ai écrit ce poème en hommage aux gens qui font du bien. Ceux dont la joie se partage, ceux qui nous comprennent, ceux qui nous aident et surtout, nous font rire. Parfois ce sont des étrangers mais rien n’y fait, un court échange suffit pour qu’on se sente vraiment bien. Extrêmement bien ! C’est du sentiment « de se sentir vivant » pour de vrai que je parle. Celui qui nous fait (re)découvrir ce puit, creusé en nous, sans fond et remplit d’amour qui redonne au monde un second souffle. Ensuite, j’entasse « les autres » dans un même panier pour, d’un côté, appuyer sur la préciosité, la puissance et – peut-être – la rareté des magiciens, et, d’un autre côté, donner l’ignorance que méritent – selon moi – les mauvaises personnes qui ont croisé mon chemin… en les mettant du côté des autres, des inconnus, celui de l’indifférence. Pour moi, ce qui compte le plus au monde, c’est de pouvoir se sentir bien au côté de quelqu’un et puis, surtout, de se sentir libre d’être et de devenir la personne que nous rêvons d’être. Derrière ce court poème, j’invite, premièrement, le lecteur – et moi-même – à retrouver ses beaux souvenirs et, deuxièmement, à se questionner sur le camp qu’il s’apprête à prendre : être la personne qu’il rêve de rencontrer ou devenir comme « les autres » ? Je pense que la deuxième option ne mène jamais au bonheur. On ne devient pas heureux en étant égoïste, en perpétuant ou en faisant (in)volontairement du mal aux autres. On ne gagne rien à traiter les autres d’une manière qui nous blesse. Nous pouvons nous éloigner des autres à cause du tort qu’ils nous causent, en revanche, nos torts nous imprègnent de regrets, nous obscurcissent. Et puis, ce sont les bonnes personnes que nous regrettons tôt ou tard, pas les « autres » : la sensibilité et la différence nous percutent. Inévitablement. Elles nous ramènent à ce qu’il y a de plus spécial en nous. Qui peut vivre sans magie ? En résumé, c’est un ange sur une épaule qui raisonne les gens bien qui songent à changer de camp. Non ! Pourvu qu’on les regrette, encore et encore, pas qu’ils se jettent dans le feu de l’indifférence. Ce poème est une alerte pour éviter un drame : priver le monde de sa vraie magie. Deviens magicien mais pas celui des autres.
“Deviens ton architecte d’intérieur mais ne laisse pas faner les fleurs"
Pourquoi colmater périodiquement une brèche s’il n’y a pas d’eau qui fuit ? J’en avais marre d’écrire les mêmes choses, sur les mêmes thèmes, les mêmes peines. J’en avais marre de m’identifier à ce qui n’existe plus. Je ne suis pas ce qu’on m’a fait, ni ce qu’on m’a dit, ni ce que j’étais. L’écriture m’a permise d’extérioriser une partie de moi qui avait besoin d’être entendue – et comprise – pour une période, un temps, qui devenait trop long : j’ai donné « trop » d’attention à cette partie de moi dans le sens où j’ai continué de l’écouter alors qu’elle n’en avait plus besoin. Voilà pourquoi j’en ai eu marre. Être triste, c’est bien. Prendre soin de soi, aussi. Se faire preuve d’empathie, tout autant. Mais au bout d’un moment, c’est bon ! On devient blasée de soi-même, de ses propres histoires et on veut avancer ! La question qui est posée est une invitation à passer à autre chose. Tout recommencer à zéro ? Peut-être ! Se (re)construire ? Affirmatif ! Comme le dit Sartre, nous sommes la somme de nos choix : l’être humain se construit, décide de qui il est. Parce qu’il naît sans essence, parce qu’il n’est rien, il peut devenir absolument tout ce qu’il veut, par construction. On se construit par nos actions, nos pensées, nos inspirations. On devient ce que l’on fait le plus souvent. Alors, oui, et si au lieu d’écrire des pansements, on s’écrivait, vraiment ? Pour être expert en ce que l’on veut, plutôt qu’en colmatage. Mon livre doit être une étape passagère, pas une fin en soi. Ce que j’espère, c’est que l’on n’ait plus besoin de me lire. Je veux que le lecteur s’affranchisse des ombres qui n’existent plus, qu’il fasse la paix avec lui-même (« réconciliation ») pour qu’il marche vers ses rêves, d’un pas ferme ou boiteux, mais qu’il n’aille pas là où son cœur n’est pas. Au travers de mes écrits, j’essaye de blaser le lecteur de tout ça – ses peines et son passé – pour qu’il arrive au point de non-retour, celui de la renaissance. En d’autres mots, le message est : « Tu n’en as pas marre d’être triste ? Passe à autre chose quoi, merde ! » Je fais partie de ces gens qui aiment être bousculés, qui préfèrent entendre une dure vérité qui claque à un doux mensonge. Attention, je ne dis pas qu’il faut nier ses émotions ; je questionne le lecteur sur où il en est dans son processus de guérison. Est-ce la fin ? Le début ? Le milieu ? L’humain s’habitue vite aux choses, y compris au confort superficiel que la négativité peut apporter. Peut-être que, dans le fond, nous sommes heureux, mais nous ne le voyons pas. Et dans cette situation, il est temps de s’inventer, dans le réel, et d’avancer. Deviens ton architecte d’intérieur mais ne laisse pas faner les fleurs.
Fais-toi confiance
Fais-toi confiance. Tout s’arrange toujours. Toujours. Toujours. « J’ai un soleil dans le coeur » est une métaphore pour décrire cette volonté qu’il y a en nous, cette flamme, cette sensation de puissance. Le philosophe Nietzsche l’appelle la volonté de puissance, d’autre l’élan vital, certains Dieu ou l’Amour, pour Kant, par exemple, c’est la Raison et pour les physiciens, on parle d’énergie. Peu importe ce que c’est, il y a une puissante énergie en nous, que j’appelle la vie ou l’amour de la vie. Cet « amour » nous emballe d’une inconditionnelle protection qui fait qu’on peut tout me prendre, sauf ce truc. Et c’est justement ce truc dont j’ai besoin. Pour être heureuse. Pour me relever. Pour me battre. L’humain a en lui les clés de son propre bonheur. L’humain a en lui une force illimitée qui ouvre toutes les portes, comme un courant d’air. (cfr Nekfeu) Nous sommes toutes et tous des magiciens : peu importe les coups de putes, les coups de tête et les coups de tonnerre, on les dépasse tous. Ce truc en nous est trop puissant. Même dans l’ombre, je « bronzerai » encore. Tout se dépasse. Tout se traverse. Tout le monde peut avoir confiance en soi. Il suffit de savoir qu’il y a un soleil près de nous – en nous en l’occurrence – pour ne plus craindre le froid, les tempêtes et la foudre. On a en nous les clés de notre propre bonheur mais ta gueule !
Envie de découvrir ses autres extraits ?
Sur sa page Instagram, Sheredhan partage, commente et inspire des moments de vie et ses écrits. Si vous souhaitez découvrir “Ces maux qui blessent mais te réparent” en entier, il est disponible au PUB de l’Université Libre de Bruxelles ou sur Amazon.
Sheredhan Moutaber & Laetitia Bindji